Des mouchoirs brodés des enfants déguisés des églises sous la neige des arc-en-ciel au-dessus du lac des visages souriants d’autres vieillissants des centaines de Mo des années de joie de voyages d’inquiétudes et d’ennui parfois… Voilà ce que me disent les fins fonds de mon I-phone quand je regarde comment libérer de l’espace pour continuer à figer à partager pour se souvenir via cet écran des existences disparues des paysages éphémères et tous les sentiments engendrés toutes ces années.
Des régions des pays des bords de mer des bateaux des plages des forêts des articles de journaux des pages de livres et autres scènes de théâtre, d’école de musique de kermesses de fin d’année. Des gens âgés des enfants des voitures des cars en partance pour une colonie de vacances un séjour au ski une excursion en pays lointain. Des palmiers des eaux turquoise des nuages en cavalcade de tempête des corps bronzés des fleurs des vitraux de vieilles pierres des tablées des rivages des chemins creux ou de longues routes plates, des ciels aussi, beaucoup.
La vie la vraie qui s’est enfuie. L’autre qui attend tapie sous les monceaux de souvenirs en loques que la graine semée il y a longtemps germe enfin. Ou est-ce elle qui protège de l’ombre de ses ramures maintenant bien développées l’ardeur que je mets à ne pas la voir ? D’ailleurs, quand a-t-elle poussé sans que j’en aperçoive les premiers bourgeons ? Où a-t-elle puisé l’énergie et les nutriments qui l’ont rendue forte et belle alors que je la croyais encore ébauche de projet dans mon esprit ? Combien de temps s’est-il écoulé à ignorer sa présence et ses racines bien ancrées dans les abysses de ma pensée ?

NO FUTURE
« Papa, c’est quoi l’avenir ? Je ne sais pas mon fils, je ne sais plus… »
Ce matin en bord de Loire, des mots prononcés au téléphone avec celui qui m’a fait retrouver la tendresse, des mots déchiffrés sur un parapet, me disent l’avenir incertain les doutes les espoirs aussi, quand même, mêlés de lassitude et d’envie de poser là cœur et esprit pour ne plus faire que les écouter battre, penser, ressentir, doucement. Leur laisser place et temps de vaquer en moi s’échapper au dehors aller vers d’autres qui sauront les accueillir, ou pas. Questions et attentes heurtent le silence et reviennent en trombes un brin angoissantes.
Je devrais composer un recueil à envoyer pour édition, construire un projet d’ateliers d’écriture, remplir des formulaires pour obtenir une bourse de résidence d’artiste et je reste là à aligner des mots sur cet écran maintenant bien fatigué mais toujours vaillant – que ferais-je sans lui si par mégarde ou obsolescence il lâche à nouveau dans un tombeau numérique ces données ces kilomètres de texte, que deviendront tous ces souvenirs ces ébauches de récits ces tentatives de vivre d’un talent du moins de compétences qui restent si diaphanes en moi de ne pas les regarder de juste les sentir vibrer et ne pas savoir comment leur donner naissance pour qu’aux yeux du monde i·els existent ?

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