aujourd’hui, barrages grilles et regards derrière

Aujourd’hui je vais rouler entre glissières de sécurité radars fixes ou tronçon sous le ciel d’hiver
Aujourd’hui je vais passer un-des barrages d’agriculteurs en colère
Aujourd’hui je vais pousser une porte blindée enlever mes bottes et ma ceinture franchir un sas de contrôle 
Aujourd’hui je vais passer devant des vitres sans tain regarder sans les voir des uniformes des matricules 
Aujourd'hui des gens sans visage m’autoriseront à progresser dans le dédale de béton
Aujourd’hui je vais passer des grilles qui s’ouvrent et se referment avec un claquement sec de serrure électrique
Aujourd’hui j’aurai dans la poche un objet de transmission radio au cas où 
Aujourd’hui j’aurai la permission de ne pas rester enfermée dans une pièce plus de deux heures
Aujourd’hui je verrai un homme prendre à dix autres un bout de plastique numérisé pour entrer dans une pièce 
Aujourd’hui j’écouterai je regarderai je noterai ce que ça fait d’aller et venir entre les murs les grilles sous le ciel bas et lourd tous les jours chaque nuit à chaque heure
Aujourd’hui dix hommes écriront pour qui pour quoi ils se tiennent là un stylo à la main
Aujourd’hui chacun dira chuchotera ou taira les mots des comment où et quand 
Aujourd’hui ensemble nous créerons l’espace le temps une énième dimension pour dire au monde nos présences 
Aujourd’hui je verrai un homme rendre à dix autres un bout de plastique numérisé pour sortir d’une pièce 
Aujourd’hui je repasserai les grilles devant les vitres sans tain derrière la porte blindée au-delà des barrages d’agriculteurs en colère
Ce soir je rentrerai honorer la pleine lune du mieux que je pourrai en écrivant encore pour tous les inconnus les moins que rien les cafards la vermine la lie de la société cette merveille d’humanité qu’une journée ordinaire m’aura donné la chance de croiser.